Vous avez déjà rédigé des dissertations, vous êtes même peut-être parfaitement entraîné(e). Mais ces rappels ne peuvent nuire et vous permettront aussi de perdre certaines mauvaises habitudes.
La dissertation est une des épreuves principales des examens universitaires français. L’objectif est, en réponse à un sujet, de construire une démonstration personnelle à l’aide d’arguments scientifiques. La longueur du devoir dépend de la durée de l’épreuve. En quatre heures, vous devez être capable de rédiger une réponse de huit pages environ. Il ne s’agit pas de réciter le cours, mais de répondre à un sujet. C’est un élément auquel vous devez toujours penser lors de la rédaction de votre argumentation pour éviter les hors sujet et les placages de connaissances non reliées explicitement au sujet. Ce dernier travers est souvent présent, au départ, dans les copies d’élèves ayant sérieusement travaillé leur cours et qui souhaitent montrer leurs connaissances. Mais celles-ci ne sont valorisées que si elles sont soigneusement sélectionnées et agencées dans le cadre d’une réponse construite au sujet précisément posé.
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Le premier moment de votre travail devant un sujet se passe au brouillon. Il est difficile de déterminer une règle quant à la part du temps total dont vous disposez qu’il convient de consacrer à cette phase du travail. Cela dépend du sujet auquel vous êtes confronté et qui vous pose plus ou moins de difficultés, cela dépend aussi de votre facilité à rédiger ensuite le devoir et donc du temps que vous devez conserver pour réaliser cette tâche. A titre purement indicatif, vous pouvez passer environ un tiers de votre temps sur le brouillon.
Sur le brouillon vous devez d’abord analyser convenablement le sujet. Réfléchissez à la définition des termes techniques contenus dans l’énoncé, mais pas seulement. Tous les mots ont leur importance. Il suffit en général de changer un mot dans la formulation, aussi anodin que ce mot puisse paraître, pour en réalité orienter de manière différente le sujet. Ce moment du travail est essentiel pour éviter les hors sujet et pour ne pas oublier des éléments qui répondent au sujet. Posez vous la question des cadres chronologiques et géographiques du sujet posé.
Dans un second temps il convient, par des notes rapides sur le brouillon, de mobiliser les éléments importants des connaissances que vous allez développer pour répondre au sujet. Cela active les connexions neuronales pertinentes et vous rassure en vous montrant que vous ‘savez des choses’. Si, parmi les éléments à évoquer, des dates vous semblent pertinentes, notez-les au brouillon pour être sûr ensuite de ne pas avoir de ‘trou de mémoire’. Il peut s’agir de dates événementielles ou bien de dates de publication d’ouvrages d’auteurs qu’il va falloir mobiliser.
Ensuite, troisième étape, essayez soit de trouver une problématique et d’en déduire un plan global du devoir, soit de trouver un plan intéressant et d’en dégager la problématique. En principe, la première option est préférable, mais une dissertation est un travail artisanal (il peut y avoir pour un même sujet de très bonnes dissertations qui ne sont pas pour autant identiques) et il est probable que d’un sujet à l’autre votre manière de bâtir la trame de votre démonstration pourra être un peu différente. Cette phase du travail est essentielle et peut prendre une vingtaine de minutes pour un devoir de quatre heures. Le plan doit comporter deux ou trois parties, de longueurs à peu près équivalentes. Il faut donner pour chaque partie, en une phrase titre, l’idée générale que vous allez développer. Faites cela au brouillon, soignez ces phrases qui doivent répondre au sujet, être claires et suffisamment explicites du contenu de chaque partie. Une phrase-titre de trois mots ne suffit pas en général mais elle peut être longue d’une ligne, voire un peu plus.
Quatrième étape, vous devez construire un plan détaillé. Il s’agit de diviser chaque partie en sous-parties et en paragraphes. Placez sur votre brouillon les numéros des parties et essayez de trouver ensuite les titres des sous-parties et, en quelques mots, en style télégraphique cette fois, évoquez l’idée de chaque paragraphe. Dans chaque partie il peut y avoir deux ou trois sous-parties, et dans chaque sous partie deux ou trois paragraphes. Chaque paragraphe correspond à une idée, à un argument répondant au sujet. Si vous vous apercevez qu’un de vos arguments ne contribue pas à répondre précisément au sujet, sachez qu’il est inutile et que vous pouvez l’éliminer. C’est pourquoi un devoir trop long n’est pas forcément meilleur s’il s’éloigne du sujet.
Dernière étape avant le travail au propre, la rédaction intégrale au brouillon de l’introduction. Cela prend en général une vingtaine de minutes sur les quatre heures. Il faut faire, refaire, formuler, reformuler. Notez également les points essentiels de votre conclusion. L’introduction doit être d’une longueur de vingt lignes environ. Elle comporte trois parties, clairement distinguées par des retours à la ligne et des retraits de quelques centimètres. La première partie de l’introduction comprend la phrase d’accroche (en lien avec un fait historique ou d’actualité par exemple), la définition des termes techniques centraux pour traiter le sujet, le tout formant une entrée en matière qui amène petit à petit le lecteur dans le vif du sujet. Si le sujet est à dominante historique, le début de l’introduction doit effectuer un cadrage chronologique en évoquant la situation au début de la période et à la fin de la période sur laquelle porte le sujet. La deuxième partie de l’introduction est la problématique. Elle développe un questionnement montrant les enjeux sous-tendus par le sujet. Elle personnalise votre devoir en donnant un sens au plan choisi pour votre réponse. Elle nécessite, pour être réalisée correctement, une prise de recul à l’égard du sujet qui dénote une bonne maîtrise du thème. Trouver une problématique pertinente est donc un exercice difficile, mais nécessaire pour réaliser une bonne dissertation. Une problématique comporte au moins une question, énoncée au style direct ou indirect selon votre convenance, mais attention à ne pas mélanger dans une même phrase les deux styles, c’est une erreur courante. Le troisième paragraphe de l’introduction est constitué par l’annonce du plan. Cette annonce doit être claire. Si possible, évitez cependant un style trop lourd qui serait un peu maladroit. N’annoncez que les grandes parties. Avec l’habitude que vous prendrez de réaliser des dissertations, vous serez de plus en plus capable de faire figurer tous ces éléments attendus en introduction tout en adoptant un style fluide, en les enchaînant de manière subtile, ce qui évitera de faire de ce début de devoir une succession de passages obligés.
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Ensuite il faut rédiger. Soignez votre expression écrite : les fautes d’orthographe et de syntaxe (signalées dans la correction en rouge par un o ou un s) peuvent vous faire perdre plusieurs points. Tout le monde fait des fautes d’orthographe mais vous devez en faire le moins possible, au pire deux ou trois par page, pas davantage. La mise en page du devoir est très importante : la structure doit apparaître clairement. Il faut donc sauter deux ou trois lignes entre l’introduction et le développement et entre le développement et la conclusion. Sautez une ou deux lignes entre les grandes parties du développement.
Le développement est organisé. Tout d’abord, commencez votre première partie par une introduction partielle. Le premier mot de cette partie doit être placé très en retrait, de six centimètres au moins de la marge. La première phrase reprend le titre de la partie tel qu’il figure au brouillon de votre plan détaillé, d’où l’importance de ce travail précédemment réalisé. Annoncez ensuite, toujours dans l’introduction partielle, le plan de votre partie c'est-à-dire les titres des sous-parties. Cette mini-intro, appelée aussi " chapeau ", représente cinq lignes au maximum. Revenez ensuite à la ligne, laissez à nouveau environ six centimètres de retrait par rapport à la marge, et exposez le premier argument de votre première sous-partie. C’est le début de votre premier paragraphe. Revenez à la ligne avant de commencer le paragraphe suivant, en laissant deux ou trois centimètres de retrait. Lorsque vous passez à votre deuxième sous-partie, ménagez cette fois un retrait de six centimètres au moins. Il faut que l’on repère clairement la structure du devoir : la différence entre les parties, sous-parties et paragraphes doit donc apparaître visiblement grâce à votre mise en page, sans pour autant que vous mettiez des I, A,1. A la fin de chacune des parties une conclusion partielle remet en perspective, pour clarifier la démonstration, les arguments développés dans la partie. Il faut donc rappeler où vous en êtes de votre démonstration puis sauter une ligner et, au début de la partie suivante, rédiger un chapeau comme celui de la première partie.
La première phrase de chaque partie, sous-partie et de chaque paragraphe du développement doit indiquer succinctement l’idée qui va être développée, de telle sorte que la relecture des premières phrases de chaque partie, sous-partie et paragraphe forme un bon résumé du devoir. De ce fait, un paragraphe ne doit pas commencer par la récitation d’une théorie, l’évocation d’un auteur ou d’un événement. La première phrase doit être un argument répondant au sujet posé, une idée dans votre démonstration. Le recours aux événements et aux théories ne venant qu’ensuite pour développer ou démontrer l’idée. Attention, le soin apporté à ces premières phrases conditionnera la force de votre démonstration et vous obligera à bien centrer vos arguments sur le sujet posé.
La conclusion du devoir est plus brève que l’introduction. Il faut répondre à la problématique posée en introduction. Ainsi la conclusion est un résumé de vos arguments essentiels mais présentés dans la perspective qui est la vôtre, c'est-à-dire qui correspond à votre problématique. La conclusion peut comporter un autre élément qui formera alors un paragraphe distinct : une " ouverture ", de forme déclarative, et qui élargit le sujet traité à un problème plus large ou qui fait le lien avec un sujet proche quoique différent. Gardez un quart d’heure à la fin pour rédiger soigneusement cette conclusion et pour relire l’ensemble du devoir.
Les principales erreurs à éviter :
Rédiger un devoir trop long pour y mettre toutes ses connaissances sans les sélectionner suffisamment.
Oublier de définir les termes techniques du sujet en introduction.
Ecrire une première partie considérée comme un préalable, notamment pour définir le sujet, alors que le sujet ne porte pas sur un problème de définition.
Oublier d’annoncer les grandes parties à la fin de l’introduction.
Oublier les introductions partielles et les conclusions partielles.
Rédiger au début d’un paragraphe (ou partie ou sous-partie) une première phrase pas assez reliée au sujet posé.
Multiplier les petits paragraphes en ne respectant pas les règles de mise en page.
Ne pas indiquer de dates dans un sujet à dimension au moins partiellement historique.
Ne pas indiquer de noms d’auteurs dans le devoir.
Commettre des fautes d’orthographe sur les noms d’auteurs.
Ne pas savoir écrire ‘consommation’, ‘chiffre d’affaires’, ‘développement’, ‘taux d’intérêt’, 'monnaie' et 'monétaire', 'banque' et 'bancaire' ou d'autres termes économiques courants (fautes agaçantes).
Ecrire USA au lieu d'Etats-Unis
Evoquer au futur des événements du passé (facilité de style à éviter).
Etre illisible (si, si, cela arrive !).
Mettre en doute de manière frontale la pertinence du sujet (même remarque).
Interpeller le correcteur de manière répétée au cours du devoir.
Ecrire à la première personne du singulier.
Utiliser, pour la première personne du pluriel, tantôt le ‘on’, tantôt le ‘nous’, notamment dans une même phrase.
Finir ses phrases par ‘…’ ou ‘etc.’ (cela est acceptable très ponctuellement mais surtout pas à la fin du devoir).